Bonjour,

Je suis Astrid, une sage-femme, qui propose de concilier maternité et zéro déchet.

Des produits indésirables retrouvés dans les couches jetables, dont certains très toxiques, ce qu’il faut savoir

Des produits indésirables retrouvés dans les couches jetables, dont certains très toxiques, ce qu’il faut savoir

Chaque enfant – depuis sa naissance et jusqu’au moment de la “propreté” – est en contact permanent avec une couche pendant au moins 2 ans et demi! Quelles sont les effets des couches jetables sur sa santé et celle de notre planète. Ce qu’il faut savoir, surtout pour s’en passer…

Alors que pour les cosmétiques ou produits d’hygiène, on retrouve la liste des ingrédients présents dans le produits sur l’emballage, les fabricants ne sont pas tenus de les mentionner sur l’emballage des couches pour bébés ! Donc aucun moyen pour les parents de vérifier leur composition. Détaillons ici, les différents produits chimiques qui ont été retrouvés dans des couches jetables.

Le polyacrylate de sodium

C’est une substance qui a la capacité d’absorber jusqu’à 800 fois son volume en eau ! Au contact du liquide, elle se transforme en gel absorbant. C’est magique !!! Mais bien que les études montrent l’innocuité de ce produit chimique, sur la peau des bébés, il faut préciser, d’une part, que ce sont toutes des études menées par les fabricants (glyphosate et Monsanto bis), et d’autre part, c’est un produit interdit dans les tampons hygiéniques depuis 1985 car impliqué dans le syndrome du choc septique ! Il est tellement absorbant qu’il empêche toute muqueuse en contact d’être humidifiée comme elle se doit d’où le développement de bactéries et de microbes. Il n’existe pas d’information sur ses effets à long terme. Mais ses effets pour exposition de courte durée à forte dose sont des irritations de la peau, des yeux et de l’appareil respiratoire (type asthme).

Les composés organiques volatiles (COV)

Il a été aussi mis en évidence que les couches jetables contiennent des composés organiques volatiles (COV) types : toluène, éthylbenzène, xylène, dipentène. Ces substances ont la propriété de s’évaporer dans l’air à température ambiante. Leurs effets sur la santé sont difficiles à démontrer car ceux ci dépendent de la sensibilité individuelle, de leur concentration, de la durée d’exposition et de l’effet cocktail. Mais il a déjà été démontré qu’une exposition régulière peut entraîner une irritation de la gorge et des yeux, des allergies, des maux de tête, de l’asthme, de l’urticaire, des nausées et de la fatigue. Ils sont aussi soupçonnés de perturber les systèmes immunitaires et nerveux et d’être reprotoxiques. Rien que ça...

Les dioxines

L’association allemande de consommateurs Öko Test a retrouvé des dioxines dans la cellulose de l’enveloppe des couches jetables. Les dioxines sont des substances toxiques puisque perturbatrices du système endocrinien et cancérigènes. Or, la cellulose est faite à base de pâte à bois qui est blanchie grâce au chlore. Le blanchiment au chlore, quelque soit la matière (textile, coton, papier), produit des dioxines, hautement toxiques en cas d’ingestion. De plus, une fois libérées dans l’air, elles polluent notre environnement pendant des dizaines d’années, se retrouvent dans les eaux, contaminent la chaîne alimentaire. Retour à l’envoyeur !

Les pesticides 

Des pesticides ont aussi été retrouvé dans les couches jetables. Notamment du glyphosate, la tristement célèbre molécule de Monsanto, connue pour la catastrophe écologique et humaine qu’elle engendre sur son passage.  

Les TBT ou MTB, des noms barbares 

Greenpeace en 2000, retrouve entre autre dans les couches jetables, du tributyl étain (TBT) et du monobutyl (MTB) dont 8,6 microgrammes par kilo dans les pampers. Il s’agit de perturbateurs  endocriniens (encore et toujours !) toxiques pour le foie, les reins et le système immunitaire. Ils sont tout de même soupçonnés d’avoir provoqué la disparition de mollusques marins car utilisés longtemps sur les coques des bateaux pour leurs effets antifongiques. Nous ne sommes pas des mollusques mais c’est tout comme.

Les matières synthétiques 

Toutes sont produites à base de pétrole : polyéthylène, polypropylène, polyester et caoutchouc de synthèse, bien qu’il n’y est pas de toxicité avérée, ces matières sont extrêmement étanches pour empêcher la moindre fuite. C’est de toute évidence l’effet recherché. Mais est-ce une bonne idée ? L’air ne circule pas, la peau ne respire pas, les vapeurs d’amoniaque de l’urine ne s’évaporent pas, cette étanchéité totale n’aggravent t-elle pas une irritation, un érythème & co... ?    

Le deuxième effet de serre

De plus, les couches jetables du fait de leur extrême étanchéité, entrainent une augmentation de la température des testicules et du scrotum et bloquent le mécanisme physiologique de refroidissement des testicules. C’est le 2ème effet de serre des couches jetables ! Or il est vital pour la spermatogenèse, que la température des testicules reste inférieure à celle du reste du corps. En cas de fièvre, ou de fortes températures enlever la couche ou préférer une couche en coton !

De plus, il existe des stations d’épurations pour traiter les excréments humains qui constituent un risque sanitaire pour l’environnement et la population, mais on laisse en décharge les excréments des bébés. Quelle est la logique ?

Les couches jetables pratiques ou dramatiques?
— BéBé Zéro Déchet
 

Qu’en est-il des couches jetables «écologiques» biodégradables?

Elles ne sont pas parfaites, mais elles sont une alternative possible du fait de la meilleure qualité des matériaux utilisés. Cependant, leur production est énergivore, leur dégradation ne peut pas se faire dans un compost de jardin et leur décomposition est tout de même longue. Même débat que pour le sac biodégradable, si on peut éviter le jetable évitons le ! C'est la base de la philosophie du "zéro déchet". Et les couches jetables sont évitables...

De mon point de vue

Les couches jetables sont un cauchemar pour l’environnement mais aussi, pour la santé des bébés. Il n’existe pas réellement d’études qui prouvent que ces substances – aux concentrations retrouvées dans les couches jetables – soient nocives pour la santé des bébés. Mais aucune étude non plus, ne prouve leur innocuité à long terme. Pourtant, il est déjà bien connu, que certains de ces toxiques sont cancérigènes et nocifs pour l’environnement. De plus, nous savons qu’il existe dans notre environnement d’innombrables molécules, qui combinées, voient leurs actions sur la santé humaine exacerbées. Alors que ces substances, isolées, sont reconnues innofensives. C’est cet effet cocktail qu’il faut limiter autant que possible. De nombreux exemples existent de produits chimiques qui ont été interdit, montrent l’intérêt d’études sur le long terme : le Bisphenol A interdit dans les biberons, le Polyacrylate de sodium retiré des tampons hygiéniques, le Distilbène désormais interdit chez la femme enceinte.

En tant que sage-femme, le sage “principe de précaution” s’impose!
— Bébé Zéro Déchet
 

Image: Billie, Octobre 2017

Sources: 

  • «Les COV composés organiques volatiles, y a t-il péril en la demeure?» (2005), Environnement-Info, http://etat.geneve.ch.

  • «Guide Les couches lavables et autres alternatives aux couches jetables» (2008), Ouvrage collectif sous la direction de Carine Phung, Éd Grandir Autrement.

  • «200 alertes santé environnement» : les substances toxiques à la loupe. Quels risques et comment s’en protéger ? (2016), Dr Pierre Souvet, Éd Guy Trédaniel éditeur.

Couches jetables vs. Couches lavables, bilan écologique en chiffres

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